On est tous d’accord le voyage nous change, nous ouvre l’esprit. On constate que chez les jeunes qui partent avec leurs sac à dos ils gagnent beaucoup en maturités. Il est vrai, nous ne sommes pas les mêmes au moment de partir et quand on en rentre. Et cette sensation de s’enrichir en découvrant est unique au voyage. Un amoureux des voyages, qui a souhaité rester anonyme, a réussi à parfaitement décrire le rapport entre très spécial qui unit l’humain au voyage.
Elle a tout simplement écrite une lettre en s’adressant au voyage en le prenant comme une personne, et le résultat final est tout simplement extraordinaire. Cette lettre va mettre tout le monde d’accord, elle est tellement chargée en émotion :
« Cher voyage,
Petite déjà l’on me parlait de toi, de temps en temps. Consciente alors que tu m’étais inaccessible, pour différentes raisons, je m’étais alors mis à rêver de toi, et me surprenais déjà à sourire en pensant à toutes ces choses que tu pourrais m’apporter. Pourquoi ? Enfant j’étais aventurière, une grand rêveuse. Je m’émerveillais devant une coccinelle, me prenais d’amitié pour ces gens du bout du monde, que je regardais avec intérêt à la télé. Oui, je te regardais souvent à la télé. Je me passionnais de tout ; des chevaux sauvages, aux lointains confins de l’espace, en passant par les plaines d’Afrique ; je me surprenais parfois à penser aux îles paradisiaques, avant que mon esprit ne se perde en forêt. J’avais alors déjà un aperçu de ce que je ferai quand je serai grand.
Je rêvais alors des États-Unis, et de ses parcs naturels dont on vantait la beauté. Je partais ensuite à l’Est, et me perdais sur cette colline, en Chine, ou je ressentais ce vent tiède me caresser le visage. Je me rappelle de cette sensation. Pourquoi la Chine ? Je ne saurais te dire, je n’étais qu’un enfant à l’époque. Passionnée par le monde animal dès mon plus jeune âge, je partais ensuite plus au Sud, entouré de ces grands animaux que l’on appelle girafes, ou éléphants. Je me rappelle aussi m’être battu avec les lions contre les hyènes, la faute à Disney sans doute. Je me souviens aussi avoir voulu nager avec les orques, au large de l’Antarctique. À cause grâce à Willy j’imagine. Mais c’était avant que maman ne me dise que l’eau était gelée par là-bas, et qu’il serait difficile pour moi d’aller nager avec ces êtres majestueux. «Tu iras dans les îles paradisiaques, et tu nageras avec les dauphins et les tortues» me disait-elle. D’accord, «alors j’irai voir les orques en bateau» lui répondis-je … Puis je grandissais, et gardais en tête mes espérances.
Je serai voaygeuse
Les épreuves de la vie m’ont empêché de partir avec toi, pendant quelque temps. Mais je savais que mon jour arriverait. Ce jour, c’était le 7 septembre 2007. Nous sommes partis ensemble à New York, puis Chicago, une ville dont je rêvais de voir les rues depuis «Maman j’ai raté l’avion» (pourquoi souris-tu ?). J’étais alors sur une autre planète, à des milliers de kilomètres de ma ferme natale. En arrivant en ville je levais les yeux au ciel pour contempler la grandeur des buildings. C’est à ce moment bien précis que j’ai compris ce que je voulais faire dans la vie : je serai voaygeuse.
Depuis, mes aspirations enfantines m’ont mené là où je voulais aller. Non sans mal, tu t’en doutes. Je me suis alors rendu en Afrique, pour voir les lions. Oh je les avais déjà vus bien sûr, mais dans une cage, et je n’appréciais guère. Voir ces lions, ces éléphants et ces girafes en liberté m’a fait ressentir un sentiment de pur bien-être. Je ne saurais te l’expliquer. Ne t’est-il jamais arrivé de te surprendre à te dire que tu n’aimerais être nulle part ailleurs, là, ici maintenant ? C’est de cette sensation dont je parle. Cette sensation je la ressentais de plus en plus ; en me perdant dans les montagnes enneigées du Canada, à la vue d’un cerf, dans le parc Richmond, à Londres, où quand je suis parti à la rencontre des habitants, au Pérou. La Chine ? Oui, j’y suis allé, et je n’ai pas aimé. Mes espérances étaient trop grandes, sans doute. Mais je te promets d’aller nager avec les orques, en Norvège.
Pourquoi t’écrire cette lettre ? Pour te rendre hommage. Non loin de moi l’idée de te flatter, je sais que ce n’est pas ton genre… Cher voyage, tu m’as beaucoup apporté. Mieux encore, tu as changé ma vie. Grâce à toi j’ai pu comprendre la tolérance, après l’avoir apprise de mes parents. En foulant les terres de mes voisins, j’ai compris que nous partagions les mêmes envies de bonheur. En côtoyant d’autres cultures, je me suis alors ouvert aux autres, et eus un bel aperçu de ce que l’on appelle si communément «la compassion». Tu m’as également permis de gagner en confiance. Tu sais, partir tout seul à l’autre bout du monde ne peut te rendre que plus débrouillard. Mais ça, tu le sais déjà. J’ai appris à prendre du temps pour moi, et sortir du métro-boulot-dodo. Le temps est un luxe. L’occasion pour nous de prendre du recul, de réfléchir, et je te remercie de m’avoir permis de relativiser sur mes problèmes, nos problèmes. Enfin, tu m’as permis d’être plus sensible, au sens littéral du terme. En rêvant devant la majesté des hauts sommets de l’Himalaya, des plages paradisiaques de l’Asie du sud-est, de la beauté des fonds marins, ou encore de la richesse de l’écosystème des forêts tropicales… j’ai pris davantage conscience de la beauté de la terre, de sa globalité… et sa fragilité. Alors pour toutes ces choses, cher voyage, merci infiniment. »
Alors, ressentez-vous la même chose ?